Ce texte s’adresse surtout aux frioulans, mais ‘’l’Histoire’’ concerne tout le monde.
Vendredi 2 juin nous avons accompagné à sa dernière demeure notre amie Catherine Ponis, née Del Medico … je n’ai pas pu prononcer d’éloge funèbre en l’église … mais comme président des Frioulans de Lyon je ne peux laisser partir madame Ponis sans un mot … vous savez … derrière l’écran c’est mieux … l’émotion ne se voit pas … et ce que j’écris, reste compréhensible …
Catherine avait 91 ans, elle était la maman de Jean-Pierre et Franck membres de l’association depuis les origines, et quelque part c’était notre maman à tous …
J’ai très peu parlé avec elle mais le peu qu’elle m’avait raconté m’avait déjà ému.
Elle était née en 1926 à Tarcento la ‘’perle du Frioul’’ … la perle … c’est pour le riches … car en 1933/34 le papa de Catherine décède, sa maman désormais veuve, ne peut rester en famille, elles représentent des bouches à nourrir improductives … quoi faire? A l’époque la coutume était que les frères du défunt prennent en charge la veuve et les orphelins … ce fut le cas.
Elles préparèrent leur balluchon, avec l’héritage … deux ‘’cjaldîrs’’, sorte de seaux en cuivre typiques du Frioul, parfois finement décorés, généralement ils étaient pendus au dessus de la pierre d’évier et contenaient l’eau potable qu’on avait puisé au puits … bref … un bien précieux … en route vers la France … la France profonde, la Corrèze!
Vous imaginez la jeune veuve avec la petite Catherine, en route, vers un beau-frère qu’elle ne connaissait pas, ouvrier agricole dans une ferme isolée aux environs d’Egletons … c’était aux environs de Noël, à la gare d’Egletons le véhicule-taxi, c’était le tombereau de la ferme … pas une calèche, ou une charrette … le tombereau!
La salle commune de la ferme, pièce sombre, le sol en terre battue, une cheminée où les flammes rougeoient … mamy Catherine m’a raconté cela, elle avait été marquée par cette arrivée au moyen-âge, à Tarcento l’eau était sur l’évier et les sols carrelés … mais en France … elle mangera à sa faim.
Le doux soleil de la France, va réchauffer la vie de Catherine, l’école est loin, l’hiver, à pieds par mauvais temps, elle souffre, mais ça forge le caractère … elle en avait.
L’été, depuis Lyon des ‘’paÿs’’ viennent en moto rendre visite à Egletons … parmi eux monsieur Ponis, le cordonnier de Lyon, et la vie changera.
C’est assez extraordinaire … Catherine parlait le frioulan, à la ferme on parlait frioulan … elle ne l’a jamais oublié, ses racines ‘’très amères’’, sont restées vivantes et elles ont même refleuri, lorsque après le tremblement de terre elle a pu obtenir un pied à terre a Tarcento, au Frioul, c’est la part d’héritage de son père, qui lui a donné droit à quelques m2 pour passer des vacances sur la terre du Frioul … la ferme, la misère, les bouches inutiles, oubliées … et il vaut mieux!
Restent ‘’i cjaldîrs’’ en cuivre avec leur histoire … s’ils pouvaient parler, ils pourraient nous raconter, la vie tourmentée de ces familles parties du Frioul … pour manger à sa faim.
Avec mamy Catherine c’est tout un pan de notre histoire qui s’en va, qu’on efface … c’est l’histoire du Frioul en France … mais Jean-Pierre et Franck garderont i cjaldîrs, on les regardera et on se souviendra de Catherine …
Mandi Catinute … di sigûr to none di Tarcint ti clamave cussi … Catinut …. va su in paradîs i furlans ti spjetin!
Danilo VEZZIO
Bonjour,
En cherchant une image de cjaldîr, je suis tombé sur ce petit texte. Je vis en Suisse, d’un père de Tarcento, j’ai une arrière-grand-mère qui se nommait Del Medico. Votre histoire m’a touché.
Merci,
Alessandro Monsutti
Bonjour,
C’est notre Président du Fogolar Furlan de Lyon, Danilo VEZZIO, qui a écrit ce texte. Jean-Pierre PONIS , dont l’histoire de sa mère est contée dans cet article, est un membre très actif du Fogolar qui retourne toutes les années dans le Frioul. Notre Fogolar avec d’autres associations italiennes œuvrent au maintien de la Maison des Italiens de Lyon et surtout à la conservation de nos racines.
Je regrette de ne pas parler Furlan mais je le comprends et je le lis cela traduit peut-être la bonne intégration des Furlans dans le monde !
Merci pour ce commentaire !
Mandi !